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HONORINE.

Il est jaloux comme un tigre, alors j’en ai fait tigrotin. Oh ! Tigrotin : vous un homme si correct, vous avez, ma parole, trempé vos chaussures dans le ruisseau jusqu’à la peau de vos guêtres !…

MARTIN PUECH.

Je n’ai pas pu trouver de taxi par ce temps de chien. Je m’excuse.

HONORINE.

Tenez, tenez, mon pauvre ami, prenez ce fauteuil, là, près du feu !… Mais si, mais si, ne faites pas de façons, chauffez-vous… et aussi un peu de thé froid ?

MARTIN PUECH.

Je vous en prie…

HONORINE.

Vous l’aimeriez mieux chaud, mais ici, nous le faisons froid. (Revenant aux autres près de la table en versant le thé et regardant de loin Martin Puech, qu’elle a installé à la cheminée.) La tisane, le cigare défendu par le médecin… Les pantoufles, je vois ça, tenez, dans cinq ou six ans ! Vous représentez-vous ce tableau, le tête-à-tête… à onze heures du soir… en revenant du théâtre… avant le dernier acte… Brrr !… Non, sérieusement, maintenant que vous avez l’objet en main, dites-moi que vous me comprenez ! Ça me fera plaisir !… (Elle apporte sa tasse à Martin Puech.) Voilà votre tasse, Tigro.

MARTIN PUECH, (près de la cheminée, se confondant en remerciements.)

Vous me l’avez même sucré !…