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Qu’attends-tu pour dire : « Non, non, il ne partira pas ! »

MAURICE.

Qu’est-ce que tu dis ? Quoi ? Quelle nouvelle folie ?

LIANE.

Maurice ! Je suis une mauvaise mère !

MAURICE.

Mais ce n’est pas vrai ! Je proteste de toutes mes forces ! Tu te trompes ! Je ne souffre pas !

LIANE.

Et le pire, dans ma lâcheté, c’est que je me mentais à moi-même… Je suis lucide, parfaitement lucide… Je me révolte, à la fin, je vais refuser tout !… Je vais le lui dire. Tu ne quitteras pas Paris, Maurice. Tant pis si mon mariage casse, tant pis si tout s’écroule ! Il faut que tu restes !

MAURICE.

Et que je sois de la maison, n’est-ce pas ?… De la famille ! Et puis quoi encore ? Extravagance ! Extravagance !

LIANE.

Ah ! cet amour ! Enlève-le-moi donc du cœur une bonne fois, cet amour qui a été la plaie de ma vie, cet amour qui a tout étouffé, tout ce qui n’était pas lui ! J’aurais pu être une mère !… Il a tout pris ! Il a tout aspiré !… Maurice ! Maurice ! Je t’en conjure, il faut m’empêcher de continuer ! Voici le moment venu ! Il faut m’arracher à cette servitude. Tu me rendras un service inouï en me contraignant… Je suis ensorcelée par lui ! Tu l’as vu ! n’est-ce pas, tu l’as vu, c’est la mort quand il n’est plus là ! Je l’ai dans la