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enfant de l’amour ! Pas de père, à peine une mère qui te laissera partir sans dire ouf, pourvu qu’on lui envoie de l’argent.

ALINE.

Ne pleure pas ! Ne pleure pas, coco adoré, puisque je suis là !

MAURICE.

Oh ! ce n’est pas sur moi que je pleure, c’est à cause de celle-là… qui a eu tout mon cœur… (Il montre la porte, puis il relève la tête avec énergie.) Demain, ce sera fini. J’aurai du courage. Demain je serai un homme. Ne fais pas attention, c’est un peu de jeunesse qui s’en va ! (Il l’embrasse brusquement.) Ah ! puis qu’importe, après tout ? Il faut être au-dessus de toutes ces pauvretés… nom d’un chien ! Nous ne sommes pas des enfants désirés, c’est vrai, mais regarde-toi voir dans la glace, regarde !… (Il l’appelle devant la psyché de Liane.) Nous avons une consolation, tu ne trouves pas ? S’ils nous ont fait sans penser à nous, nous avons tout de même la consolation de nous dire que nous sommes beaux. C’est le proverbe qui a raison ! Regarde le couple !

ALINE, (s’appuyant à lui.)

C’est vrai ! Nous faisons bien.

MAURICE.

Il n’y a pas à dire, nous sommes signés !… (Il fait claquer sa langue et en riant il lui prend les mains.) Maintenant, fini ! On va partir, mon petit, et puis on va tâcher d’être heureux tout de même !

ALINE.

Pour les embêter !