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d’avoir été contraint ou amené à ce mariage, en le faisant immédiat, et en formant tout de suite un nouveau foyer, pour rendre ma situation ici impossible !

ALINE.

Car, c’est bien ton impression, n’est-ce pas, il est revenu et il l’épouse contraint et forcé ?

MAURICE.

Ma mère prétend le contraire ! Elle préfère le croire… Elle a peut-être raison, qui le sait ?… Qui peut savoir au juste ce qui se sera passé dans cet homme ?… J’ignore ce que j’y ai déterminé : la pitié ?… Peut-être ! On n’est pas d’une seule pièce ! Mais, en tout cas, une chose sûre, c’est que, s’il ne revient pas la rage au cœur, il revient, tout de même, parce que j’ai été là… Sans moi, maman serait morte, à l’heure actuelle… En tout cas, il ne serait plus jamais revenu ! J’ai bien fait de faire ce que j’ai fait ! Tout !…

ALINE.

Oui, Maurice… tout, même ce qui n’est pas bien.

MAURICE.

Et c’est tout de même chic de penser que son effort n’a pas été vain… qu’on a bien fait de s’atteler à la charrue et de pousser de toutes ses forces ! Ce sera une fichue consolation pour moi, Aline, de pouvoir me dire de loin que tout le bonheur qu’elle aura, elle me le doit !… Ça, vois-tu, c’est chic !…

ALINE.

Ah ! oui… Et rudement encore !… Et elle peut se vanter d’avoir eu de la veine de trouver un fils comme toi… C’est égal, ils n’auront pas été longs à te débarquer, mon gros !