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qui refuse obstinément le mariage qu’elle avait accepté… un très beau mariage !… Après cette terrible leçon, j’espérais qu’elle aurait les yeux ouverts sur la valeur morale du garçon… Du tout. J’ai peur… d’elle… maintenant que nous nous rapprochons par la vie commune… et j’ai peur de lui, s’il reste à Paris… Mon enfant a été littéralement fascinée. Ah ! c’est joyeux ! Note que si j’envoyais ton fils, par représaille, en expédition lointaine, je comprendrais ta résistance… Mais je te répète que c’est de la féerie ! Je lui crée, et de bon cœur, une situation insensée, je le tire de tous les embarras, d’un état social par trop imprécis, et…

LIANE.

Oui, mais il ne me verra plus…

RANTZ.

Ah ! çà ! mais avais-tu la prétention… ceci aurait été inconcevable… avais-tu la prétention d’introduire ici, au milieu de nous, au milieu de mes enfants, au même foyer, rue de Grenelle, en plein ministère, ton enfant illégitime, et qui s’est permis… (Sèchement.) Dans ce cas, ma chère, il fallait me prévenir ! Je ne serais pas ici ! Ah ! non !

LIANE, (timide.)

Je n’allais pas jusque-là,… ce serait inadmissible… en effet…

RANTZ.

Eh bien, alors, quoi Liane ?… Cet enfant que tu as tenu éloigné de toi pendant une vingtaine d’années, dont tu te souciais comme d’une pomme… voilà que maintenant, à l’âge où il se fait homme, où il n’a justement plus besoin des siens, tu réclamerais sa présence ? Ce serait plutôt paradoxal !…