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LIANE, (timide.)

Et il faudra qu’il y vive tout le temps, en Amérique ?

RANTZ, (riant.)

Écoute, mon chou, tu ne voudrais tout de même pas qu’il touche de pareils émoluments et qu’il continue à faire la noce à Paris !

LIANE.

Ce n’est pas ce que je veux dire, Paul. Mais enfin, dans la circonstance présente, peut-être y a-t-il de ma part — oh ! pas de la tienne ! — quelque chose d’un peu…

RANTZ.

D’un peu… Achève ?

LIANE.

Je ne sais pas comment dire… D’un peu…

RANTZ, (vivement.)

Je voudrais bien voir qu’il ne soit pas ravi… Mais, ma Lianon, je le tire du pétrin !… J’octroie à ce garçon dévoyé une situation superbe, inespérée. Je lui mets un métier dans les mains… J’en fais un homme, un homme actif… Je l’arrache à la gabegie de Paris qui a été sa perte… Je l’arrache, enfin, à lui-même… Eh bien, merci !… Remarque que je ne parle là, avec délicatesse, que des intérêts de ton fils, car, enfin, si tu veux entendre dire que cet éloignement est indispensable pour ma fille, je vais te le dire, et sans gêne encore ! Je redoute tout, te dis-je, tout, s’il reste ! Je ne réponds plus de rien !… J’ai le droit d’arracher ma fille à l’épouvantable fiasco auquel elle s’est réservée si elle ne réagit pas, si nous ne réagissons pas pour elle… La voilà maintenant