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RANTZ, (se retourne et, sur un ton sévère)

Ton fils s’est conduit vis-à-vis de moi de la plus abominable façon. Il a été abject, il a été impardonnable !

LIANE.

Eh oui… mais, Paul, ce qu’il a fait… c’était par…

RANTZ, (sur le même diapason.)

Et je le répète, il n’est pour rien dans cette réconciliation ! Pour rien ! Il a failli rendre tout irréparable au contraire… en me prenant ma fille… en osant… (Il s’arrête.) Enfin, je me tais… Eh bien, Liane, je fléchis… Je me maîtrise. (Il s’assied à califourchon et, sur un ton, tout à coup, bonhomme.) Il faut faire à ce garçon si étrangement amoral, une situation… une très belle situation, qui l’empêchera de tomber dans d’autres égarements.

LIANE, (avec joie.)

Ah ! voilà ce que j’attendais de toi !

RANTZ, (soufflant sur le verre de son monocle.)

Il n’a aucune aptitude. Je reconnais qu’il n’a d’ailleurs pas reçu d’éducation suffisante pour les développer. Il n’est pas employable ; mais peut-être pourra-t-il se perfectionner tout de même. Eh bien, puisque nous sommes dans un jour heureux, un jour de lessive blanche, lavons, effaçons… de belle humeur… Je lui fais une position du jour au lendemain… écoute… de vingt-huit mille francs.

(Il tapote la chaise en souriant.)
LIANE.

De vingt-huit mille francs ?… De capital ?…

RANTZ.

De rente.