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JOSÉPHINE.

Bonjour, Monsieur. Monsieur va bien ? Monsieur a fait un bon voyage ? J’ai lu dans les journaux…

RANTZ.

Je vous remercie. (Joséphine sort.) Tu vois, tout le monde a le sourire.

LIANE, (se blottissant contre lui.)

Ah ! Paul ! Ce que j’aurais donné pour une heure comme celle-ci, il y a quelques jours ! Est-ce vrai, mon amour chéri, que tu es là, après toutes ces horreurs ? Il me semble que j’ai été folle, que j’ai été internée quelque part. J’ai dû avoir la camisole de force du malheur. Ça serrait de tous les côtés, la tête, la poitrine ! Et, maintenant, maintenant, tout est si doux ! Je suis là… je peux regarder par en dessous ton regard clair, trop bleu… Et le contact de ta peau ! Je peux glisser ma main dans ta manchette comme autrefois… Non, non, c’est trop de bonheur !… Il va m’arriver encore quelque tuile ! Le bonheur et moi nous nous accordons si peu ! Je ne peux pas croire à tout ce que tu m’as dit.

RANTZ.

Il faut le croire.

LIANE.

Encore, il y a quatre jours, quand j’allais me jeter par la fenêtre et que Maurice t’a ramené ici, tout à coup, cela tenait du prodige… mais c’était encore dans le domaine des choses possibles ! Je pensais : « Il n’exécutera pas la moitié de ses promesses, c’est une réconciliation de principe, il part tout à l’heure… et, quand il reviendra, va te faire fiche !… » Pas du tout. Tu es revenu et à