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ACTE QUATRIÈME

Le boudoir blanc de Liane, au deuxième étage de son hôtel ; la pièce où la maturité de Liane se complaît. Aux murs des portraits, pastels et autres, à des âges divers, de la maîtresse de la maison. Une psyché, autour de la psyché, un onglier, des meubles à fards : la chaise longue ornée de dentelles. Rotonde très intime. Fourrures, divans surchargés de coussins brillants, tentures blanches, hermétiques. Portes à gauche. Porte à droite. Au lever du rideau, on entend des éclats de rire. Rantz est assis sur la chaise longue, Liane, en un déshabillé très souple et savant, est couchée, à côté de lui, sur des coussins, à ses pieds. Elle a les pieds nus dans des mules.



Scène PREMIÈRE


LIANE, RANTZ

LIANE, (riant à tue-téte.)

Dieu que c’est drôle ! Dieu que c’est drôle !…

RANTZ.

Et alors, le préfet s’est levé ; seulement il était tellement myope qu’il ne voyait même pas la carafe, et, comme on lui avait dit que j’étais très grand, ses yeux se portaient inlassablement sur les corniches de la salle des fêtes. C’était une chose horrible ! Pour lui faciliter sa tâche et ne pas le rendre ridicule, je me haussais sur la pointe des pieds. Pendant vingt-cinq minutes qu’il m’a parlé, j’avais la sensation que la République était à un mètre cinquante au-dessus de ma tête…

LIANE.

Dieu que c’est drôle, ce que tu dis là !… Il n’y a