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dire !… Pas un !… Les phrases me sont venues malgré moi… et m’ont emporté… Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !… Je sens bien que j’aurais beau aller jusqu’au bout de mon courage, ce sera pour rien !… Je n’arriverai pas à la sauver !… Je viens probablement de la perdre à tout jamais !… Qu’est-ce qu’un fils comme celui-là peut pour elle !… Ah ! j’aurais tant voulu pourtant !… C’est que j’ai trop éprouvé de chocs ces jours-ci, je me suis trop débattu dans des agitations de toutes sortes… si nouvelles pour moi !… Alors, je ne sais plus ! J’ai vu tellement se débattre la pauvre femme… souffrir !… Et c’est si affreux !… Je l’ai eue entre mes bras prête à se tuer !… Et ses pauvres larmes, le timbre de sa voix que je ne connaissais pas !… (Il pleure comme un enfant, maintenant, avec rage.) Je ne veux pas qu’elle meure, cette femme-là !… Je ne veux pas qu’elle soit si désespérée… C’est maman n’est-ce pas ? Malgré tout, c’est maman à moi… Et je l’aime beaucoup !… Elle est si seule maintenant !… Écoutez… je ne demande plus rien !… J’ai cru bien faire… je ne suis pas de taille… Tout de suite, je m’étais dit que je n’arriverais à rien ; seulement j’avais commencé, n’est-ce pas ?… je me suis raidi et maintenant je suis désespéré !… Oh ! je ne demande plus qu’une chose, alors, qu’une pitié… mais je la demande de toutes mes forces, c’est que vous alliez la voir… simplement ça !… C’est pas beaucoup !… Parlez-lui. Je suis sûr que cela seulement l’empêchera de se faire du mal !… J’en suis sûr !… Vous lui direz n’importe quoi… ce que vous voudrez… mais vous lui mettrez la main sur le front… et alors, je la connais, ça suffira sûrement… Vous pouvez bien, dites ? Je l’ai entendue ces jours-ci, Monsieur, parler de vous, malgré tout, d’une façon si tendre, si délicate… si jolie !… Elle vous aimait tellement,