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RANTZ, (les épaules secouées d’un rire.)

Ah ! ah ! cette injonction est admirable !… (Changeant de ton subitement.) Je ne veux pas m’indigner, mon petit bonhomme. Sachez que je n’ai pas de comptes à vous rendre. Votre irruption spontanée dans ces règlements de cœur est, je l’avoue, inattendue. (Cassant.) En voilà assez, hein !… Si c’est pour ça que vous vous êtes faufilé dans mes escaliers, (Il montre la porte.) donnez-vous donc la peine de redescendre.

MAURICE, (hochant la tête.)

Mais si, Monsieur, mais si, vous l’épouserez. Vous allez l’épouser !… Il n’est pas possible que vous agissiez autrement ! Vous auriez dû le faire depuis très longtemps. C’était votre vraie compagne. Et sans qu’on vous y force, sans…

RANTZ.

Ah ! pas de plaisanterie, mon garçon…. Un conseil : ne vous mêlez pas plus longtemps de l’existence de votre mère. Restez à votre plan et à votre place. (Le doigt menaçant.) Et ne vous le faites pas dire deux fois.

MAURICE.

Veus ne l’épouserez pas ? Vous en êtes sûr ?… Vous avez tout pesé… tout prévu ?

RANTZ, (a un mouvement de colère, puis il s’avance vers lui et, posément.)

Je ne puis pas épouser votre mère et je répète que je n’ai pas à vous rendre compte de mes actions… Je vous ai peu parlé, quoique m’étant intéressé à votre éducation, et vous ne m’avez pas assez approché pour me connaître… Aujourd’hui, si vous n’étiez pas entré sur ce ton impératif et douteux, à la fois, j’aurais peut-être consenti à