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moi. Je ne m’en irai pas… Je m’accrocherai, je resterai là.

FRANÇOIS.

Madame, je suis désolé d’insister, mais Madame ne peut rester ici. Je vais la reconduire à sa voiture… Que Madame prenne mon bras.

LIANE.

Ne m’approchez pas… ne me touchez pas… Paul, Paul… quelle horreur… C’est toi qui me fais chasser… c’est honteux… Paul… Paul…

(Quand elle gagne le seuil en reculant pas à pas pour se garer du contact des valets, François passe devant elle. Et, brusquement, les deux domestiques, l’homme et la femme de chambre, referment la porte sur eux deux. On entend encore la voix de Liane dans la galerie. Un dernier « Paul ! » affaibli. La femme de chambre rentr’ouvre la porte, écoute, puis s’en va. L’autre domestique reste en scène, collé contre la porte. Au haut de l’escalier, on entend le bruit de la serrure qui s’ouvre. Rantz apparaît. Il fait signe au domestique de disparaître.)


Scène IX


RANTZ seul, puis FRANÇOIS

(Resté seul, il écoute encore, puis va tout contre les rideaux de la fenêtre qu’il soulève pour regarder au dehors. On l’entend murmurer : « Il faut bien, tout de même ! Il faut bien ! » Il considère ensuite avec émotion les objets brisés, mais il n’a pas encore été à la table. François rentre précipitamment, essoufflé.)
RANTZ.

Eh bien ? Eh bien ?

FRANÇOIS.

Monsieur peut être rassuré, elle s’en va. Oh ! je ne me suis pas permis de la brutaliser.