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RANTZ.

Elle ne connaissait personne ? Elle ne s’est jamais rendue à aucun rendez-vous…

AUGUSTINE.

Oh ! Monsieur aurait tort de chercher de ce côté-là. Ça, jamais ! Mademoiselle !…

RANTZ.

Cependant, elle sortait… Elle avait toute sa liberté !… Je l’ai laissée toujours sans surveillance…

AUGUSTINE.

On voit bien que Monsieur ne connaît pas sa fille. (Elle se reprend vivement devant un mouvement de Rantz.) Je veux dire que, si Monsieur supposait une pareille chose, il se tromperait du tout au tout. Mademoiselle me parlait encore hier avec plaisir de son mariage !…

RANTZ.

Évidemment ! évidemment !… Je pense comme vous… Seulement, il faut bien que j’envisage toutes les éventualités !… Je m’y perds. Je finis par conclure à un enlèvement de force !… une séquestration !… d’abord cette dépêche très explicite… D’un autre côté c’est elle-même qui avait choisi ce jour officiel de fiançailles… Si ce mariage ne lui avait pas convenu, elle n’avait qu’à me le dire !… Je ne l’ai pas forcée à le conclure. Je l’ai toujours laissée maîtresse de ses actes… Je n’aurais pas fait une objection, au cas où elle m’eût dit : « Non ». Elle le savait… Alors ? Alors ?…

(Il se promène, agité.)
AUGUSTINE.

Mademoiselle paraissait si contente, si heureuse de ce mariage…