Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ma réserve n’est pas, comme vous pouvez le croire, du dédain ou de la prudence, mais, au contraire, de la sympathie, parce que vous valez d’être respectée… Oui, vous avez beau être une jeune fille très libre, qui dîne seule chez ses amis et prend des autos sans sa femme de chambre, on sent fort bien que c’est la première fois que vous osez ce que vous venez d’oser aujourd’hui, avec plus de timidité que d’aplomb.

NELLIE.

C’est vrai.

MAURICE.

J’en étais sûr.

NELLIE, (le regardant.)

Ça me fait beaucoup de plaisir que vous le croyiez. Merci.

MAURICE.

Mais oui, votre démarche, on la sent franche et saine. Votre mari sera enviable et très heureux !

NELLIE.

Hum ! Je n’en mettrais pas ma main au feu !

MAURICE, (se lève.)

Si, quand cette folle et absurde idée vous sera passée… Car qu’est-ce qui vous a pris ? Qu’est-ce qui vous a pris, misère de Dieu !… Pourquoi moi ?… si loin de vous, un être si vague !

NELLIE.

Vous trouvez mon sentiment absurde ?…

MAURICE.

Absurde, sans raison, fou !…

NELLIE.

Eh bien, moi, je le trouve au contraire, très logique.