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MAURICE.

On a toujours un Helleu.

(Nellie marche lentement, jette un coup d’œil circulaire. Elle va à la cheminée, caresse de la main les monnaies du pape dans un vase, puis s’accoude et regarde de près une photographie.)
NELLIE.

Elle est jolie.

MAURICE.

C’est une humble !… Une petite modiste… Vous ne l’avez jamais vue, pourtant.

NELLIE.

Mais je n’ai pas hésité à la reconnaître.

MAURICE, (lui désignant un fauteuil, gêné.)

Voyons…

NELLIE.

Le dernier numéro de Fémina ! Vous m’avez vue là-dedans ?

MAURICE.

Non, mais je sais que vous êtes très sport !… que vous avez gagné toutes sortes de coupes…

NELLIE, (froissant le journal. )

Mais oui. Je suis, vous le voyez, une jeune fille très libre… J’ai reçu une éducation moderne… Vous pouvez croire des tas de choses à mon propos… Et pourtant, s’il en est ainsi, vous vous trompez du tout au tout… Je peins, je golfe, je suis les cours de la Sorbonne, j’ai tous les brevets, même celui de chauffeur ; mais, à dix-huit ans, je suis pourtant plus sentimentale qu’on ne l’est à douze !… Et la preuve, c’est que je suis ici… J’ai vu qu’il y avait de l’eau dans la pièce à côté. Voulez-vous m’en