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cations téléphoniques… et les souvenirs de nos rencontres d’enfants, autrefois, dans la rue Margueritte, aux chèvres des Champs-Élysées… Vous vous rappelez ?…

NELLIE.

Vous n’êtes pas ému. Vous avez de la chance !… Ça se voit suffisamment et c’est un peu cruel pour moi !

MAURICE.

Mais…

NELLIE.

Vous n’êtes pas même intimidé !… Si vous me trouviez jolie, vous le seriez… Vous n’auriez pas ce petit ton dégagé.

MAURICE.

Vous croyez ça, vous ?…

NELLIE.

J’en suis sûre ! Devant les êtres beaux, on est toujours sans courage. (Un temps. Pour la première fois elle le regarde et baisse vivement les yeux.) Je le certifie.

(On la dirait à bout de souffle.)
MAURICE.

Eh bien, voilà ce qui vous trompe justement. Je vous regarde attentivement ; vous m’aviez dit : « Vous verrez, de loin vous m’avez crue passable, de près je ne suis pas bien du tout, j’ai une petite moustache sur la lèvre. » Or, j’ai beau regarder, il n’y a pas du tout de petite moustache.

NELLIE.

Oh ! par grâce, ne parlez pas de moi. Vous me feriez des compliments et ce serait encore plus affreux que tout… (Elle se dégage et regardant au mur.) Tiens, vous avez aussi cet Helleu ?