Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

particulier pour aujourd’hui ? Elle vous avait commandé de venir à l’heure ?

LA VOIX DU MODÈLE.

Comme d’habitude, Madame, à une heure et quart.

MADAME DE MARLIEW.

Bien, attendez.

(Elle referme la porte.)
GREEN.

Mais il est déjà arrivé à Mademoiselle de ne pas déjeuner sans avoir averti.

MADAME DE MARLIEW.

Oui, mais jamais dans des conditions pareilles. Tout ce que vous m’avez appris est bouleversant. Jusqu’à midi, je n’étais pas trop inquiète, mais maintenant… D’autant plus que c’est mon jour… elle sait que je pourrais m’énerver… que peut-être la comtesse Stéphanie viendra. Voyons, je vous en prie, Green, ne me cachez rien et dites-moi comment les choses se sont passées ce matin.

GREEN.

Je ne cache absolument rien à Madame. Cela s’est passé exactement comme je l’ai raconté : Mademoiselle avait l’air naturel ; elle m’a demandé un vieux costume, à moi ; j’ai cru qu’elle voulait le mettre à un modèle. Je le lui ai donné sans explications. Elle l’a emporté dans sa chambre, et puis j’ai été stupéfaite de voir sortir Mademoiselle affublée de mon costume. Elle avait mis un chapeau très commun… qui ne devait pas être à elle… des gants de filoselle et je crois même bien me rappeler, tenez, Madame, qu’elle portait sur le bras un châle tricoté… noir.