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ont paru, quelque peu en avance sur le mouvement théâtral (ce qui ne veut pas dire qu’elles aient été meilleures ni plus parfaites pour cela), et voilà peut-être ce qui explique le mieux les différences d’accueil qui leur ont été réservées à leur création et à leur reprise. Je n’exagère pas d’ailleurs l’importance de cette avance et n’en tire d’autre vanité que celle d’avoir un peu poussé à la roue, avec ardeur. Car, qu’est-ce que cinq ou six ans d’avance, lorsqu’il s’agit d’un art comme l’art dramatique, lequel, grâce aux mensonges et aux artifices florissants, retarde toujours, comme il a été dit, de cinquante bonnes années sur les autres formes de la littérature !… Paradoxe tout de même un peu exagéré que ce retard, si l’on veut bien se reporter aux chefs-d’œuvre de la comédie dramatique qui n’ont jamais été plus abondants que dans les trente dernières années : Amoureuse, le Passé, la Course du Flambeau, Amants, L’Invitée, etc., tout ce répertoire si riche et si varié où, dans les sphères les plus diverses ou les plus opposées de la pensée, voisinent journellement et de façon si vivante, des oeuvres comme le Repas du Lion et le Tribun, la Foi et le Duel, de beaux rêves de visionnaires comme Intérieur, ou Pelléas, des farces tragiques, comme les Affaires sont les affaires, et tant d’autres témoignages de l’activité productive de notre époque !

En tête de la Marche Nuptiale, j’écrivais jadis ceci :

« C’est toujours par ce qu’elle contient de vérité qu’une œuvre nouvelle choque ses contemporains. C’est toujours et seulement pour ce