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tait de son crédit (sur lequel il s’illusionnait comme tant d’autres) pour tenter d’étouffer le génie. Il le diffamait et souhaitait de le déshonorer !…

C’est Sainte-Beuve qui, pour châtier Balzac d’avoir osé « loué à mort » Stendhal, (on sait, écrivait-il avec modestie, combien je suis loin de partager l’enthousiasme de M. de Balzac) accusa publiquement, dans une causerie du lundi, — et le pauvre grand homme n’était plus là pour se défendre — l’auteur du Père Goriot d’avoir été payé de cet éloge par l’auteur de la Chartreuse de Parme : 3.000 francs (on précise, dans le métier). « Un service d’argent contre un service d’amour-propre, commente-t-il. Je n’ajouterai qu’un mot : ce mélange de gloire et de gain m’importune ! » Quelle intégrité professionnelle !… Ah ! les braves gens !

Croyez-vous qu’un Gustave Planche faisait œuvre de critique lorsqu’il écrivait : « M. Victor Hugo a maintenant trente-six ans et voici que l’autorité de son nom s’affaiblit de plus en plus !… » J’ai recueilli cette sottise tendancieuse parce qu’elle est si monumentale et si symptomatique qu’après cela il semble qu’il n’y ait plus qu’à tirer l’échelle !

Quand, plus près de nous, Jules Lemaître (je cite ici impartialement un critique qui fut toujours sympathique à mes productions) écrivait de Verlaine : « Les ahuris du symbolisme le considèrent comme un maître et un initiateur », n’essayait-il pas tout simplement d’intimider le sentiment public ? Le procédé est habituel. Je n’hésite pas à dire qu’il sera éternel comme la répulsion qu’il nous inspire.

Il faut en prendre son parti et écrire selon son