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composition en art, le dessin ferme et synthétique et conçus à jamais l’horreur de l’anémie et de la mollesse… Je me souviens que cet amour du trait essentiel et de la ligne d’expression, je les ai toujours enviés chez les maîtres qui donnèrent de la vie des représentations sincères et directement inspirées : Rembrandt, Vélasquez, Manet, Degas, Degas surtout… dont le dessin est un puissant enseignement. Pour les infirmes, ce dessin-là, c’est la déformation, le laid, l’exceptionnel, le morbide. Point du tout. La structure humaine et son expression sont établies, chez Degas, selon des observations de plan, de valeurs, de rapports qui sont autrement puissants que les faux muscles d’école (oh ! le faux muscle en littérature aussi, quelle plaie !) ou le modèle académique, — nous vînt-il de Raphaël et de la Renaissance !…

Je ne suis cependant pas de ceux qu’on appelle des réalistes, ou du moins de ceux qui demeurent dans les données précises du réalisme… mais, d’autre part, s’il m’est arrivé de trop subtiliser la matière, — même quand je me suis trompé, et ce dut être souvent, — le sens humain m’a seul préoccupé. Et j’ai acquis aussi, chemin faisant, à ce contact permanent avec la nature, d’excellentes certitudes comme celle-ci : que dans toutes les branches de l’art on ne peut atteindre à l’universel que par le particulier… C’est une grande leçon.

Mais je ne m’attarderai pas ici à des discussions d’art. Je veux souligner simplement l’erreur flagrante de la critique d’aujourd’hui lorsqu'elle adresse des reproches qui consistent, en fin de compte, à prendre bénévolement du nu pour du déshabillé, des franchises pour des licences, des