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respectable, et nous n’avons pas envie de lui manquer. Dieu nous en préserve ! La bonne et digne femme ! C’est une grand’mère très agréable, mais c’est une grand’mère… Les journaux les plus monstrueusement vertueux ne sauraient être d’un avis différent ; et, s’ils disent le contraire, il est probable qu’ils ne le pensent pas. Penser une chose, en écrire une autre, cela arrive tous les jours, surtout aux gens vertueux.

Mon doux Jésus ! Quel déchaînement ! quelle furie ! Eh ! Mon Dieu ! messieurs les prédicateurs, si l’on était vertueux, où placeriez-vous vos articles sur l’immoralité du siècle ? Vous voyez bien que le vice est bon à quelque chose.

Mais c’est la mode maintenant d’être vertueux et chrétien ; on parle de la sainteté de l’art, de la haute mission de l’artiste, de la poésie du catholicisme, de l’humanité progressive, et de mille autres choses. Quelques-uns font infuser dans leur religion un peu de républicanisme, ce ne sont pas les moins curieux.

Pour se poser en journaliste proprement dit moral, il faut quelques ustensiles préparatoires, — tels que deux ou trois femmes légitimes, quelques mères, le plus de sœurs possible, un assortiment de filles complet et des cousines innombrablement. Ensuite il faut une pièce de théâtre ou un roman quelconque, une plume, de l’encre, du papier et un imprimeur.

Quand on a tout cela, on peut s’établir journaliste moral. Les recettes suivantes, convenablement variées, suffisent à la rédaction :

Modèles d’articles vertueux sur une première représentation.

« Après la littérature de sang, la littérature de fange, après la morgue et le bagne, l’alcôve et le