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quichottisme, quelque chose d’un tantinet ridicule ? Toujours est-il que certaines feuilles récidivèrent abondamment, et ce fut alors un autre son de cloche. Les mots d’« insuccès, insuccès, insuccès, chute, chute » revinrent curieusement comme un leitmotiv. Une publication quotidienne donnait le ton par ce libellé : « Avis. — Le Phalène est une pièce sale, mais c’est aussi une pièce ennuyeuse ». D’autres : « Si le Phalène fait salle comble, c’est que les critiques en ont mis en valeur la morbidité, le faisandé. » Succès de scandale. D’autres encore : « La morale n’est pour rien dans l’insuccès de M. Bataille, etc. Qu’on le sache bien, seule la mauvaise littérature de M. Bataille, son impuissance manifeste, etc. » Hélas ! rien n’y fit. L’œuvre ne parvint pas à périr.

Et rien ne fut changé. Encore un coup d’épée dans l’eau ! La morale, la vertu et la littérature demeurèrent ce qu’elles étaient auparavant, c’est-à-dire florissantes… des jours passèrent… on ne se souvint pas de l’accès de vertu qui souleva la presse et le public des répétitions générales ; les vaudevilles resserrèrent leurs rangs… les plumes rentrèrent dans l’ordre… on parla d’autres choses plus intéressantes, et le théâtre qui représenta le Phalène connut des jours calmes, sereins et prospères.

Une des choses les plus burlesques de la glorieuse époque où nous avons le bonheur de vivre est incontestablement la réhabilitation de la vertu entreprise par tous les journaux, de quelque couleur qu’ils soient.

La vertu est assurément quelque chose de fort