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contraire, en poésie dramatique ou versifiée, le duo est-il généralement une chose insipide ou ennuyeuse ? C’est injuste, n’est-ce pas ?

L’honneur de notre siècle aura été de donner des ailes nouvelles à l’homme, de rendre possible son équilibre mathématique dans l’espace, nié par toutes les générations précédentes. Pourquoi la poésie, à son tour, n’aurait-elle pas, quelque jour, l’honneur d’atteindre à une pareille stabilité dans les espaces qui l’ont tant de fois déçue ?

Sans prétendre à l’honneur d’une symphonie plus haute, je m’estimerai satisfait si, demain, persiste aux oreilles du public un peu de cette musicalité ardente et douce que j’écoutais, les soirs de cet été, sur la terrasse où j’écrivais, lorsque les phalènes montaient de la vallée et venaient, sur la soie des lampes, poser leurs bruits d’osselets, leur caresse extasiée, leurs inexplicables silences, durant lesquels ils semblaient tour à tour aspirer le suc de la lumière ou la saveur de leur mort.