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pliqué, c’est beaucoup plus simple !… Nous vivrons tranquilles et merveilleusement à Londres ou ailleurs.

DIANE.

On voyagera, dis ? Beaucoup ?

ARMAURY, (souriant.)

Oui, la nature, c’est vrai, tu as encore ça à découvrir, toi !

DIANE.

Et toi, donc !

ARMAURY.

Moi, j’en reviens… La nature, c’est toi, petite. Tu vaux mieux que tous les plus beaux paysages du monde… Autrefois, j’aimais les voyages, la nature, les plaines, les bois… À ton âge, on en est fou… Ensuite, je me suis donné aux idées, aux grandes idées, pour lesquelles on vit et on meurt… Maintenant que j’ai passé cette réalité, les plaines, les bois et toutes les routes humaines, j’atteins l’âge où la réalité commence à se déplacer… À quarante ans, mais oui… je commence à regarder, le soir, les étoiles avec inquiétude. (Il contemple cette enfant, presque à genoux devant lui, et son œil semble chargé d’une grande angoisse amoureuse.) J’ai mis dans ma valise un livre pour le voyage, (Il sourit.) pour lire le soir quand tu dormiras, si je t’en laisse le temps… et où tout cela est très bien dit.

(Il lui a pris autoritairement le menton et il la regarde.)

La terre est le tapis de tes beaux pieds d’enfant.

Eva, j’aimerai tout dans les choses créées.

Je les contemplerai dans ton regard rêveur…

DIANE, (enfantinement extasiée.)

C’est joli ça… m’amour.