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vous êtes le premier à qui nous devions crier notre chagrin.

L’ABBÉ.

Votre femme doit être bien accablée !…

LE DUC.

Oui, naturellement, naturellement… elle se lamente, maintenant ; elle eût mieux fait de prévoir et de surveiller sa fille. Tenez, même dans sa douleur, il y a quelque chose d’inconscient… Vous la connaissez, une femme charmante, esprit droit… mais cervelle d’oiseau.

L’ABBÉ.

Je connais Madame la duchesse, je la connais, Monsieur le duc. C’est une femme remarquable, un peu… non point… évaporée, mais un peu enfantine… et si prise par ses devoirs mondains !

LE DUC.

La voici très triste, effondrée autant que moi, la pauvre Gabrielle ! Mais, je la souhaiterais plus énergique et surtout, Monsieur l’abbé… je suis heureux même de vous entretenir seul à ce sujet… je voudrais que, vis-à-vis de Diane, elle se montrât d’une sévérité indispensable… d’une fermeté en rapport avec la faute. Oh ! certes, elle en a bien l’intention, mais un mot de sa fille peut la bouleverser, une futilité peut démentir les plus solides résolutions.

L’ABBÉ.

Je comprends, je comprends. J’aurai la main.

LE DUC.

Enfin, je compte sur vous dans la circonstance, n’est-ce pas ? Il faut sauver cette enfant à tout prix, s’il en est temps, hélas !… Certainement, ma