et ce n’était que pour aller trouver ma bouche.
Embrasse-moi, embrasse-moi ! C’est un délice
farouche, accompagné d’un frisson immortel.
Étreins-nous toutes deux, elle et moi, moi en elle…
De nous quelle est la plus vivante, la moins morte ?
c’est moi ! Moi !… car la vie a le goût de la mort
mais ne l’égale point ! Et, c’est moi la plus forte !
Embrasse-moi de tout ton désespoir… encore !
Et bois le souvenir des caresses, le goût
impérissable, écrase-le, écrase-nous,
crie-lui : « Je t’aime, enfin ! Je t’aime, amour vivant ! »
mais ne t’inquiète pas, je suis là, mon enfant !
Quelqu’un ! L’autre ! l’amant ! le voilà ! entends-tu ?
Eh bien ! lève-toi donc ! tu l’as bien entendu ?
Qu’attends-tu ? Ah ! je te devine ! C’est exprès
que tu ne bouges pas. Ton désespoir de vivre
attend vaguement la catastrophe… Vains souhaits !
Puérilité ! L’homme, prêt à la défensive,
est là, derrière, pâle et retenant son souffle,
mais il n’entrera pas. Et sais-tu bien pourquoi ?
Sais-tu pourquoi sa main, bien que son cœur étouffe,
reste immobile ?… eh bien ! c’est parce qu’IL ME VOIT !
La femme seulement me devine. Lui voit.
Il sait que je suis là. Alors, il est tranquille…
Vaine folie, te dis-je ! il est temps, lève-toi.