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ELLE.


Non, pas rose. Elle est bleue.

LUI, (entre les dents, agacé.)


Non, pas rose. Elle est bleue.Oui, naturellement…
De quel côté ? À droite ? à gauche ?

ELLE, (désigne du doigt une porte au fond dans la seconde pièce.)


De quel côté ? À droite ? à gauche ?Par ici.
Vous pouvez regarder, je permets. Entrez-y.

LUI.


Puisque vous permettez de bonne grâce…

(Elle fait exprès de rester occupée au secrétaire. Lui a une hésitation, s’éloigne d’elle et se dirige paresseusement vers la chambre.)
L’OMBRE.


Puisque vous permettez de bonne grâce…Attends.
Je m’en vais devancer ton désir… reste-là.
Je vais entr’ouvrir la chambre furtivement,
voir si l’alcôve est belle où tu me tromperas,
si ce qu’elle promet peut te plaire… Attends-moi.
La chambre des amants doit être surveillée ;
c’est un nid idéal qu’il faut que l’on arrange,
et quand il est trop laid on sent pleurer les anges.

(L’Ombre furtive, un doigt sur la bouche, se glisse par la porte de la chambre mi-ouverte et disparaît.)
ELLE, (se retournant, étonnée de le voir au fond, appuyé à la porte entr’ouverte.)


Comment, vous êtes là ? Vous n’êtes pas entré.

LUI.


Mais non, je n’ose pas.

ELLE.


Mais non, je n’ose pas.Ah ! bah !