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mais qui s’éteignent derrière nous sans contrôle, comme meurent, en effet, les avalanches solitaires. Le point de vue de conscience reste le même, mais, celles-là, ce sont les actions malheureuses ! Et c’est l’autre part de la vie.



Le scandale particulier qu’étudie ma pièce est d’ordre extrêmement général. Si je ne craignais pas ce rapprochement de mots ridicule, je dirais qu’il est d’ordre départemental. La combinaison des faits, les états d’âme qui motivent ces événements sont particuliers à la province. À Paris, le scandale de famille est tout autre. Il est soumis à une autre morale, à une autre conception de l’existence sociale.

La crise que j’ai mise au jour est de celles qui éclatent communément dans les provinces. Un personnage le dit prétentieusement : les éphémérides des départements regorgent d’aventures analogues… Dans bien des sous-préfectures, il y a la dame scandaleuse qui porte sa terrible légende comme une auréole redoutable et attirante.

Que d’événements analogues on pourrait sans doute rapprocher de ceux que j’ai étudiés et imaginés ! C’est à la fois un petit et un grand drame de famille. Il contient en lui-même, je le crois, une part d’humanité assez véridique et assez universelle pour qu’on s’y intéresse comme je l’ai fait moi-même — mais probablement avec moins de passion.

Toutefois, je le répète, ce n’est pas l’intrigue en elle-même qui est le point important de mon ouvrage, c’est l’impressionnabilité morale de mes