Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partout, en troupe comme les perdreaux, remplissent les loges de théâtre et les tables de milieu au cabaret. Ils m’ont sûrement agacé plus d’une fois. D’ailleurs, curieuse, cette société, fermée et très ouverte à la fois, de bourgeoisie qui a rompu ses digues, et où l’on trouve un peu de tout, comme dans les salades à la mode…

BOUDIER.

En effet, bien parisienne… mais fort gaie aussi, et je comprends que mon ami Meireuil en ait subi la violente attirance, au point de s’être fait un tout autre homme. Ses parents vendaient du bon champagne de tout repos…

SAINT-VAST.

Le fils le boit. Eh bien, moi, monsieur, je trouve, au contraire, que tous ces gens-là ont l’air de porter le diable en terre, si vous voulez mon avis… Voilà mon diagnostic… Ils m’ont l’air de gens qui s’ennuient désespérément, font tout ce qu’ils peuvent pour sortir d’eux-mêmes et tout ça s’excite à froid… Telle est mon impression, du moins. Dans certains regards de femme, on sent très bien comme une supplication (je ne dis pas ça pour celles-ci !…) de les arracher à l’ennui quotidien. Ça serait, d’ailleurs, amusant si on avait le temps de pêcher dans cette eau trouble, mais je n’en parle pas pour moi, et je laisserai la partie à de plus désœuvrés. J’aime trop mes chevaux, ma liberté…, etc…

THÉRÉSETTE, (appelant à côté dans la salle à manger.)

Poliche ! Venez nous aider à pousser les tables.