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JULIENNE.

Une minute d’arrêt, buffet.

D’ANDELY, (versant.)

Vous, Julienne…

MAGUET.

Vite, voyons… Je n’ai que le temps de repartir… Je me grise de chaleur. C’est délicieux, la nuit d’août… On a des frissons qui vous démangent… N’est-ce pas, madame Chalandrey ? Allons, ne restez pas toujours figée… dégelez-vous un peu, pour une fois, sapristi !…

GRÂCE, (brusque.)

Oui, vous avez raison, tenez, petite Maguet. Donnez-moi une coupe… Je veux bien, comme vous, sentir la nuit d’août… Il fait si beau !… Elle boit, les yeux clos.

MAGUET ET JULIENNE, (riant.)

À la bonne heure !

(La musique joue à côté des valses.)
MAGUET, (prenant le bras d’Andely.)

Eh ! hop ! d’Andely !… On repart… Tenez, madame, voulez-vous me garder mon bouquet… il me gêne…

(Elle lui jette en plein visage son bouquet blanc de corsage. Lechâtelier, qui guettait de loin, sur la terrasse, voyant Grâce toute seule, s’approche vivement d’elle. Elle se retourne. Ils se regardent sans rien dire un grand moment, à côté du massif de plantes vertes qui les abrite des lumières du salon. On ne sait ce qu’ils lisent tous deux dans leurs