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au fond il m’ennuie… Tant de bruit ne laisse pas de m’agacer, toutes ces femmes, ces jeunes gens, ces soirées de musique me porteraient pour un peu horriblement sur les nerfs… Non, mais revenir comme je vais le faire, dans huit jours, avec un petit demi-million à jeter aux enfants et à ma femme, voilà mon plaisir… Faire fructifier ma fortune, établir une famille honorée, enviée, digne de ma branche passée, de mon nom, — quitte à le faire reluire d’un éclat nouveau sur tous les essieux des tramways électriques, — voilà ma joie… Sans quoi, que me faut-il ? pas même une bonne table… un cheval de selle… des chiens de chasse… d’excellents cigares… (Il en prend un dans la boîte.) comme celui-ci…

SOUBRIAN, clignant de l'œil.

Des femmes…

RYSBERGUE, après avoir regardé dans le vague, un instant.

Peuh !… je n’ai pas le temps de me payer une conscience compliquée ! (Changeant de ton.) Vous voyez que je réponds avec franchise à votre interview, hein ?… Je vous vois venir, vous, depuis une heure… Vous voulez me tirer les vers du nez… On ne me fait dire que ce qu’il me plaît.

SOUBRIAN.

Oh ! mes intentions sont pures… Évidemment un article sur votre industrie m’intéresserait…