Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MADAME LEVASSEUR.

Le bonheur ! Ah ! Madame, il est légitime, le bonheur ! et s’il s’agissait seulement d’assurer le bonheur, la sécurité matérielle de votre fils, vous ne trouveriez en moi qu’un avocat. Mais il s’agit d’une reconnaissance légale, qui autrefois aurait eu un sens, mais lèse aujourd’hui une famille constituée et offense la mère, l’épouse que je suis.

LEVASSEUR.

Je t’ai laissé parler. Est-ce fini ?… Je persiste plus que jamais à dire que j’ai une dette ancienne qui doit être acquittée.

MADAME LEVASSEUR.

Une dette ! Ah ! tu en as plus d’une !… Crois-tu que si j’avais su que l’homme que j’épousais était le père d’un enfant reconnu, je n’aurais pas rompu mes engagements, et que mes parents m’auraient donnée à toi ! Je l’affirme, je ne t’aurais pas épousé… Je n’aurais pas voulu donner ce frère à mes enfants futurs. Tu as aussi une dette de ce côté et autrement sacrée : l’exécution de ton contrat avec ta femme… tes engagements envers nos familles.

PHILIPPE, (à Jeanne.)

Madame, moi, je me suis tu, comme je le devais, devant mes parents qui disposent de leur vie, mais je suis aussi directement en cause, et il faut que vous le sachiez, je n’éprouve pas d’autre sentiment pour celui qui est mon frère malchanceux, que de la sympathie et de l’admiration. Il faut excuser la pensée de ma mère. Elle est violente, mais jusqu’à un certain point justifiée. Celle de mon père également, car c’est ainsi, les actions humaines ont souvent deux faces. Je n’ai pas le