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béguin, il ne m’a jamais aimée une seconde… Ah ! c’était bien compréhensible ! je lui disais tout le temps. Une couturière… presque une domestique… Ah ! c’est bien la plus banale, la plus bête des histoires. Cela arrive tous les jours dans tous les coins de Paris… Tu es jolie, ma gosse ! et puis crac… on vous plante là avec ça sur les bras ! (Elle montre le berceau.) Tenez ! Tenez !…

MANEUVRIER.

Je pense que, de ce côté au moins, vous êtes pleinement rassurée. Il a beaucoup d’estime pour vous. Il sait que vous étiez sage lorsqu’il vous a eue !

JEANNE.

J’ai cru lui faire un gentil cadeau !… Ah ! oui, surtout !…

MANEUVRIER.

N’ayez pas de pensée mauvaise… N’ayez pas de rancune, même si…

JEANNE, (l’interrompant avec violence.)

Mais je le reverrai… je le reverrai !… Voyons, ce n’est pas possible que je ne le revoie pas !

MANEUVRIER.

Non. Vous ne le reverrez pas. Il ne faut pas le revoir.

JEANNE.

Mais si, Monsieur, voyons, voyons… C’est impossible… J’irai le trouver, j’irai lui dire que…

MANEUVRIER.

Je vous arrête tout de suite. Si, par impossible, vous vouliez lui attirer des ennuis… si, par esprit