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JEANNE.

Justement, tout le monde le trouve très beau.

GABRIEL.

Il est horriblement beau, voilà.

JEANNE.

Tu dis ça pour me taquiner. Tu n’en penses pas un mot. Tiens, assieds-toi plutôt.

GABRIEL.

Oh ! je ne resterai pas longtemps, je t’avertis. Je suis venu te dire bonjour.

JEANNE.

Seulement ?… Mais je suis déjà très contente. C’est si bien d’avoir pensé à venir ! Qu’est-ce que tu portes sous le bras ? Débarrasse-toi.

GABRIEL.

Un bouquin que je lisais dans l’interminable omnibus « Halle-aux-Vins ». Pour passer le temps, je bouquine toujours en omnibus.

JEANNE, (prenant le livre, dont elle lit le titre.)

Diderot… Est-il bon, est-il méchant ? Quel drôle de titre ! Qui est-ce qui est bon ou méchant ?

GABRIEL.

L’homme… Mais si tu as à travailler, que ma présence ne te gêne pas.

JEANNE.

Le plus fort de mon ménage est fait. J’ai mangé de bonne heure et je lavais les brassières et les bavettes du petit.