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sées suffirait, pourtant, à préciser le plan de l’auteur et la diversité de son programme. En ce qui me concerne, rappellerai-je quelques-unes de ces synthèses ? Maman Colibri (la famille mondaine et les fonctions de la femme), la Marche nuptiale (l’orgueil de caste et le don de soi), le Scandale (la province et la liberté de conscience), Poliche (la fête parisienne, la vulgarité et le sentiment), le Masque (les cérébraux ; littérature et imagination), la Femme nue (les artistes, le mariage et l’union libre), la Vierge folle (la grande épouse bourgeoise et l’abnégation, l’Uxor), l’Enfant de l’amour (les courtisanes et le déplacement des valeurs morales), les Flambeaux (les savants, le plan supérieur), le Phalène (les métèques, les barbares), l’amour plastique, les Sœurs d’amour (la catholique, la féminité et les dogmes), l’Animateur (les politiciens, l’idéalisme civique), la Tendresse (le monde des théâtres, la liberté de la femme), la Possession (la prostitution, son esclavage, le grand crime naturel), etc.


LES SOURDS VOLONTAIRES

À chaque pièce, honnêtement, j’ai, au préalable, confessé, dans des avant-premières, mon dessein et mon ambition. Nos sujets nous dominent ; mais, quel que fût le sujet, j’ai toujours réclamé, supplié même qu’on ne détournât pas, en prenant prétexte des milieux représentés, le sens général de mon théâtre, ni la volonté d’un poète qui n’interroge la nature que pour mieux comprendre l’amour… Le public, lui, ne s’y est jamais trompé ; seulement il y a les sourds. Je n’écris pas ces pièces, ni leurs avant-premières, pour des