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SERGE.

Je me retire, Madame. J’ai cédé à un élan de commisération. Je regrette de n’avoir fait qu’aviver son chagrin !… Triste villa, Madame !… j’en avais gardé une impression si gaie, si heureuse, toute remplie de soleil !

BIANCA.

C’était l’époque des roses. Maintenant !…

(La neige a cessé au moment où ils parviennent au perron. Il jette un regard au dehors et recule aussitôt.)
SERGE.

Par exemple !… Voyez.

BIANCA, (regarde à son tour, pousse une exclamation de surprise, puis se reprend aussitôt et avec froideur.)

Mon Dieu, ceci prouve que c’est l’heure où toutes les pensées se rejoignent. On comprend qu’elle doive souffrir… La pitié vient à elle parce qu’on sait qu’elle est très bonne au fond, et qu’elle n’a jamais agi avec calcul.

SERGE.

Je vous demande, Madame, de me laisser un instant, seul, en présence de la personne qui arrive là.

BIANCA.

Je vous serai même très obligée de lui dire que ma fille, tout à son chagrin, ne reçoit pas et remercie des marques de sympathie qu’on veut bien lui témoigner, d’où qu’elles viennent. Au revoir, Monsieur.

(Elle sort. Serge se poste et attend, en fixant la porte du jardin.)