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GABRIELLE.

Mais qu’est-ce que tu as ? qu’est-ce que tu as à me torturer ainsi !…

(Bianca revient.)
BIANCA, (sévèrement.)

Bébé… vas-tu la laisser tranquille !… Qu’est-ce que tu lui dis encore d’épouvantable ?

(Gabrielle sort en pleurant et en gémissant.)


Scène IV


JESSIE, BIANCA

JESSIE.

Une conscience… je cherche partout une conscience !… Je n’en trouve pas !… Je veux qu’on me juge… qu’on voie la vérité, enfin !… Rien !… Rien !… Tout le monde est gentil pour moi… affable… « Asseyez-vous, vous êtes fatiguée… Il faut que vous preniez quelque chose… que vous vous remontiez, ma petite… » La consolation aux vivants !… On s’en moque un peu que j’aie tué cet enfant… Tiens, je viens de lui dire que, plus tard, je lui donnerai beaucoup d’argent… pour solder le crime… Elle n’a même pas senti la terrible ironie de mes paroles. Elle m’a remerciée poliment !… Ah ! la vie ! les gens !…

BIANCA.

Mais il n’y a pas de bon sens à se torturer ainsi !… Mon pauvre bébé, ce qui est arrivé est bien assez terrible sans que tu t’ingénies à torturer tout le monde avec tes idées… Tu te repais de tes remords… tu veux t’en faire souffrir jusqu’au