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là !… Serre-lui le cou à mourir !… Étrangle-la, va… va, va !

(Gabrielle, les yeux terribles, semble vouloir serrer l’étreinte, mais tout de suite, elle lâche et se rejette en arrière.)
GABRIELLE, (dans un gémissement.)

Laisse-moi !… Ce n’est pas vrai, d’abord… ce n’est pas toi la coupable… Tu es bonne… Tu as été bonne pour lui !

JESSIE.

Toujours !… Toujours cette chimère !… Bonne !… Ah ! il n’y a pas d’espoir d’éveiller la haine en toi… Passive, résignée… C’est ton lot à toi !

GABRIELLE.

Tu me fais mal, Jessie !… Pourquoi me fais-tu si mal ? Est-ce que je ne souffre pas assez ?

JESSIE.

Il me semble que si on me prenait mon fils, moi, je tuerais… Songe, chaque fois que j’irai te voir dans ta solitude, une douleur effroyable me rongera… et toi tu supporteras mes lèvres sur ta joue… Je te connais !… Seulement, je ne me contenterai pas de ton pardon, ah ! non !… Quand je serai une grue riche, une de ces sales femmes couvertes de bijoux et d’ignominie, je te donnerai beaucoup d’argent. Je veux que tu sois fortunée, rentée… que tu connaisses le bien-être.

GABRIELLE.

Oh ! maintenant, va !… Je sais bien que tu es bonne… merci !

JESSIE, (se relevant avec un rire exaspéré, presque fou.)

Et elle dit merci !… Merci !… Oh !