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BIANCA.

Et elle n’est pas encore revenue… de là-bas !… Mon Dieu ! pourvu qu’elle n’attende pas la nuit… Allez, Louis.

LE JARDINIER, (déposant une botte de chrysanthèmes.)

J’ai trouvé encore ça dans la serre.

(Il s’en va. Bianca sonne. La cuisinière continue d’arranger le feu.)
BIANCA.

Gabrielle ?… (Gabrielle ne répond pas.) Tu ne veux pas prendre quelque chose qui te remonterait… une tasse de thé ? Quelque chose de chaud ?

GABRIELLE.

Non, merci…

(Entre Georgette. Bianca va vers elle.)
BIANCA, (bas.)

Georgette, apportez-lui tout de même un peu de thé… Voilà deux jours qu’elle n’a rien pris… depuis l’enterrement !… Elle n’a pour ainsi dire pas ouvert la bouche, même pour manger.

GEORGETTE.

Elle ne parle toujours pas ?

BIANCA.

Non, son silence est effrayant. Et voilà bientôt la nuit… Mademoiselle ne rentre pas !

GEORGETTE.

Elle n’a pas voulu que Madame l’accompagne !

BIANCA.

Elle me l’a interdit. Hier, ç’a été la même chose. Voilà deux heures, que, malgré la neige et le froid, elle est allée pleurer, seule, sur la tombe…