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dans sa lettre une phrase à double sens… Je te laisse Passerose !

PASSEROSE.

Elle m’a dit simplement : « Sois bonne pour lui ! » Les femmes consolent d’une femme…

MAX.

Tu me consolerais, toi ?… (Tout à coup hors de lui, comme si un coup de sang lui montait à la tête.) Va-t’en, va-t’en !… Voilà donc celle qu’elle avait prévu pour essuyer mes larmes !… (Il la poursuit dans la pièce.) Va-t’en, je te déteste, comme je vous déteste toutes… Vous êtes toutes des filles… Tu as vingt ans et tu portes tout l’esclavage humain sur ton visage !… Ah ! vous vous entendez bien entre vous… Tas de v…

PASSEROSE.

Max, Max… mais tu es fou… Mais c’est affreux, oh !

(Elle tombe sur la chaise longue, apeurée, tous ses nerfs tremblants, et sanglote, la tête dans ses mains.)
MAX.

Je suis fou, en effet, je ne sais pas… ce que je dis ! Il faut m’excuser, pardonne-moi !… Je t’ai fait de la peine injuste, c’est malgré moi… Je sais que tu as bon cœur, que mon malheur te touche… Va ! je mentais… Tu es jolie et elle comptait sur ta beauté !… Je t’aurais rencontrée, dans ces temps de jeunesse folle où l’on suit la beauté sans savoir où elle vous conduit, je t’aurais peut-être aimée comme une autre… mais maintenant, je n’ai plus rien, tout croule… n’est-ce pas ? Oh ! je ne fais pas fi de ton amitié !… Tu me comprends, hein ?… Je ne suis pas méchant.

PASSEROSE.

Je ne t’en veux pas… c’est si naturel !… Tu