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JESSIE.

Non, pas celle-là. Justement, j’ai vu par la fenêtre…

PASSEROSE.

C’est exact.

JESSIE.

Débarrassons-nous donc de ces sales préoccupations. Que la question soit liquidée !

(Elle met maintenant un manteau.)
MAX.

Un manteau pour descendre jusque-là ?

JESSIE.

Je ne peux pas traverser la rue dans ce costume de soir !…

MAX.

Fais vite.

(Elle veut l’embrasser. Il la repousse violemment.)
JESSIE, (le cœur crevé.)

Oh ! méchant ! Tu me refuses un baiser ?

PASSEROSE.

Embrassez-vous donc, mes enfants. Il ne faut jamais se quitter brouillés, même pour cinq minutes !…

JESSIE, (supplie.)

Oui… Laisse-moi au moins t’embrasser ! (Elle lui serre la tête sur sa poitrine longuement, passionnément, tristement, et l’embrasse dans les cheveux.) Celui qui le reçoit ne distingue pas quel est le baiser le meilleur, le plus profond… mais celui qui le donne ne s’y trompe jamais !… (Elle s’écarte de lui, et les doigts ont encore l’air de le chercher. Elle recule avec un visage stupéfié, meurtri par la douleur et