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son attention… Sonne, veux-tu ? (Passerose sonne et, en passant, regarde à la fenêtre.) Je vais, en descendant, payer la note de l’hôtel afin qu’elle soit réglée et qu’il ne soit pas assez fou pour refuser de le faire. (Elle considère le deuxième paquet de billets que Passerose avait séparé de l’autre tout à l’heure.) Cet argent du jeu de tout à l’heure, laisse-le là où il est…

PASSEROSE.

Bien, j’ai saisi…

JESSIE.

Tu lui feras admettre qu’il n’y a pas de honte à se servir de cet argent, pour revenir à Paris… Qu’il comprenne que ce n’est pas comme l’autre argent, comme le collier, comme ces choses avec lesquelles je pensais nous acheter quelques mois encore de bonheur et de tendresse !… (Elle pleure.) Je pense qu’il reviendra directement à Paris… Tâche qu’il aille tout de suite chez sa maman… Ils sont en froid, mais ils se réconcilieront contre moi… Ce sera le meilleur refuge à sa douleur puis… (Entre un valet de chambre.) Tenez, montez ceci au 45. (Le valet prend le nécessaire.) C’est tout, il n’y a rien à dire… Ne revenez pas ; je n’ai plus besoin de vous… Tenez… (Elle lui donne un pourboire. Il sort avec le nécessaire. Elle se précipite sur le papier à lettres.) Apporte-moi le stylo et le sous-main. Tu lui remettras ce mot… quand tu ne pourras plus faire autrement, quand mon absence deviendra inexplicable.

PASSEROSE.

Mais comment saurais-je que tu es réellement partie, tout au moins de l’hôtel ?… Car il faudra que je l’empêche de sortir.

JESSIE.

Comment ?… Oui… c’est vrai !… Attends.