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tout… C’est peu, mais assez pour qu’en revenant chez lui il trouve la maison vide… car tu vas me suivre immédiatement, Jessie !

JESSIE.

Ah ! j’étouffe de colère !… Voilà ce que vous avez combiné, à deux ou trois… ce truc fameux et romanesque, conçu entre copains, je vois ça, dans un bar ou une brasserie de la gare Saint-Lazare ? Ah ! ce que vous avez dû faire les farauds quand vous avez trouvé ça !… Un coup réglé avec, sans doute, l’auto d’un camarade ! Tu as la cervelle troublée par les romans de cinéma et les premières pages de journaux… espèce de sot !… (Tout à coup.) Mais non, tu as surtout escompté un scandale… voilà… tu as calculé que ma situation, après, serait intenable ici… C’est du chantage, du bas chantage ! Et tu as cru, imbécile, qu’en me faisant passer pour quelque fille rouée et de bas étage tu m’aurais à toi, que je t’appartiendrais ?… C’est idiot !… Allons, file. Je te donne une minute, tu entends, pas une seconde de plus, pour sortir de cet hôtel !

MAX.

Oui, si tu pars avec moi, Jessie !

JESSIE.

Tiens, c’est à pouffer de rire, à force de niaiserie et de bêtise ! Et dire qu’un garnement comme toi peut détruire votre vie en une seconde !

MAX.

Je viens de t’avertir que j’étais fou… J’irai jusqu’au bout… Oui… le scandale… le scandale qui te sauvera !… Il y a deux solutions, vois-tu… ou que tu t’en ailles avec moi, ou que tu t’en retournes à la maison…