Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me suiviez depuis un instant… que ce pas dont j’entendais la résonance sur les dalles était le vôtre !… Depuis, je ne vous ai plus revu, mon maître, mais quelques secondes avaient suffi pour que vous entriez à jamais dans le cœur de Consuelito !…

L’HOMME.

Et lorsque vous avez reçu mes lettres, mes messages ?…

CONSUELITO.

J’ai cru devenir folle de joie !…

L’HOMME.

Je ne passe, vous le savez, que huit jours à Séville !…

CONSUELITO.

Hélas !…

L’HOMME.

Je reviendrai !… Le grand arracheur de cœurs est de passage !… Profitez-en pendant qu’il soulage !…

CONSUELITO.

Faut-il que vous partiez, vraiment ?…

L’HOMME.

Je hais Séville… Je le fuis !… Trop de dangers, de créanciers m’y assaillent… Voici dix années que je n’y mis les pieds, et j’ai hâte d’en être reparti… Je suis l’éternel vagabond, toujours traqué. Je ne surgis comme le chat qu’à l’heure où les chiens sont couchés !… Pour vous, je me suis fié aux instructions que vos billets m’ont précisées… Mais comment se peut-il qu’une beauté pareille soit si mal gardée ?… Il n’y a donc pas de guetteur à ces créneaux ?…