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Paul et Virginie… (Tenant le chapeau au-dessus d’eux.) Et voilà la feuille de bananier !… Tu n’imagines pas, d’ailleurs, comme ça te change, ce chapeau-là…

BARNAC.

Je ne l’imagine pas ?… À partir du jour où j’ai reçu ce pot de fleurs sur la tête, ou cet éteignoir, comme tu voudras, tout a changé pour moi, autour de moi… Il ne peut guère arriver à un humoriste ou à un auteur gai d’aventure plus troublante que le don de ce mystérieux chapeau de perlinpinpin. Je ne dirai pas que ça lui coupe l’inspiration, mais à tout ce qu’il écrit, il ne manque pas de se demander… « Attention là-dessous ! Est-ce que je ne déshonore pas perlinpinpin ?… » Je t’assure, on pénètre dans le vaste doute de la personnalité. C’est douloureux… On rit encore, mais on rit vert. Heureusement, si l’officialité a assagi ma verve d’écrivain, au moins me suis-je juré de racheter mes concessions par l’irrégularité de ma vie privée… et je tiens parole… (Il l’enlace.) Je ne sais si je me fais bien comprendre. Passe-moi ma tasse de thé. La tasse de thé et le bicorne, c’est un assemblage prodigieusement photogénique !

MISS, (qui, en le suivant, s’impatiente à chercher une place favorable.)

Y êtes-vous ?

MARTHE.

Rien ne m’horripile plus que de t’entendre te traiter toi-même d’auteur gai !… Toi, un des plus grands maîtres du théâtre… toi, qui as fait des pièces si humaines !… La Grande Comtesse, mais ce sera éternel !…