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qu’un souffle de vraie vie et de santé enflerait ma poitrine, je ne pourrais pas tenir en place !…

BARRIER.

Il faut tout de même des jarrets, Mademoiselle.

CÉCILE.

Je vous écoute, Ginette, et je ne vous approuve pas… Il est nécessaire qu’il en reste pour perpétuer la famille ! L’incendie ne peut pas gagner toute la terre.

PIERRE.

Et puis la jeunesse, c’est très bien, la jeunesse ! mais serait-elle ce qu’elle est sans nous ?

CÉCILE, (protestant.)

Comment, nous ? Mais je suppose bien que personne ici ne parle de nous !

GINETTE.

Naturellement.

PIERRE, (s’anime.)

Que serait-elle sans nous la jeunesse ? Une force brute, voilà tout ! Nous lui donnons sa direction. Oui, certes, nous ressentons l’élan qu’elle nous communique comme un rouage communique le mouvement à un autre rouage, mais en revanche que ne reçoit-elle pas de notre expérience ? Il est nécessaire que la vieillesse soit là pour servir à la jeunesse de…

GINETTE, (interrompant.)

De repoussoir. Ça évidemment.

PIERRE.

Oh !

(Il repose sèchement sa tasse sur la table dans un geste nerveux. On se retourne.)
CÉCILE.

Qu’est-ce que tu as ?