Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait nous départager et au jugement duquel je me soumettrais. C’est Monsieur le sous-préfet lui-même.

GINETTE.

Oh ! dans ce cas, bien volontiers, j’accepte… Qu’à cela ne tienne.

(Elle va à la table à écrire et éclate gentiment de rire.)
MADEMOISELLE TINAYRE.

Je ne vois pas ce qu’il peut y avoir de si risible dans ma proposition.

GINETTE.

Je vous demande pardon, mais je pensais justement à ce jeune sous-préfet intérimaire… Il a une tête à être passionné de musique… Il doit jouer admirablement la Veuve Joyeuse d’un doigt sur le vieux piano de la sous-préfecture !

MADEMOISELLE TINAYRE.

Je ne trouve pas ces plaisanteries très drôles.

GINETTE.

Je ne vous les donne pas pour telles !… Enfin, soit !… vous avez raison, il n’y a pas de meilleure lumière départementale pour le moment. (Elle appelle après avoir écrit.) Jean !…

MADEMOISELLE TINAYRE.

Vous venez d’écrire à Monsieur le sous-préfet ?

GINETTE.

Oh ! je ne lui ai rien expliqué… je lui demande simplement s’il veut bien trancher un cas de conscience ! (Au domestique.) Jean, vous ferez porter cette lettre à la sous-préfecture, ou portez-la vous-même si vous avez le temps. (Le domestique sort. Entre Germaine.) Ah ! non ! non ! plus personne !… Je n’y suis pas.