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incompétence, en sont arrivés à se disqualifier presque complètement ; il leur faudra faire un sérieux pas en arrière et revenir à des procédés plus décents pour retrouver une autorité dont ils se sont peu à peu dépouillés. La juste appréciation de la foule qui s’est libérée de leur influence a définitivement percé à jour le jeu de ces discréditeurs attitrés de la pensée française, assermentés à leur parti ou à leur clientèle, qui n’ont d’autre mission que d’avilir les forces intellectuelles de leur pays, parce qu’elles se dirigent vers des chemins qui ne sont pas les leurs, et sur lesquels il est toujours facile d’exercer ce qu’on pourrait appeler des tirs de barrage. À ceux-là la guerre était apparue une aubaine presque inespérée, une raison d’être nouvelle et à la faveur d’un patriotisme devenu leur bonne à tout faire — c’est-à-dire qu’ils l’ont mis à tous les ouvrages — ils espèrent organiser le saccage de leurs ennemis et se refaire des virginités compromises, au moyen de cette vieille idéologie : la guerre qui vient au secours de leur système politique et privé. Sur la garde de leur sabre, ils inscrivirent le nouveau mot d’ordre d’agression : Union sacrée. Mais dans tous les domaines de la vie nationale, il ne semble pas que ce soulagement leur ait été octroyé ! Le bon sens français, la robustesse populaire, en attendant le retour des soldats, demeurent inattaquables. La nation leur montrera, preuves en mains, que depuis cent ans et plus qu’elle s’achemine vers la réalisation de ses grands programmes, il n’y a plus d’obscurantisme qui puisse désorienter une race soumise en tant de siècles à trop d’expériences !

Mais pour en revenir à l’humble littérature et à la plus humble de toutes, la littérature dramatique, constatons qu’à vrai dire l’occasion paraissait belle de passer au fil de l’union sacrée un