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tion ne s’arrêtait pas là. Dès le lendemain de la représentation, des directeurs de journaux importants et de quelques feuilles de choux, s’en furent au ministère réclamer la fermeture du théâtre qui représentait l’Amazone ou l’interdiction de la pièce. Jolies préoccupations ! Quelques critiques ont résumé eux-mêmes la physionomie de l’événement. Je leur laisse la parole : « Une partie de la presse n’a été qu’une explosion de haine personnelle, depuis longtemps contenue. Il s’agit d’une coalition de concurrence… Certains fournisseurs ne pardonnent pas à l’auteur d’avoir dénoncé dans l’Amazone la faillite de la littérature de poilus sentimentaux, d’infirmières angéliques et de marraines sirupeuses. De là ce concert d’imprécations. Si ce n’est pas le cloaque (M. H. Bataille aurait le droit de ne pas ménager les qualités méprisantes à ceux qui ne lui mesurent pas les calomnies), c’est bien la mare aux grenouilles [1] ».

« On n’a guère étudié l’œuvre, mais on a davantage insulté l’auteur. La critique dramatique a donné avec excès dans la polémique personnelle. Elle a eu tort… L’Amazone n’a pas été un succès pour les critiques, etc… [2] ».

D’autres ont marqué le dessein politique de cette cabale tendancieuse. Que le public, dont la religion est faite depuis longtemps à ce point de vue, ait répondu par un haussement d’épaules à ces diffamations et à ces salisseurs professionnels, il y a là un signe d’époque. Depuis longtemps il exerce son contrôle lui-même et il casse les gages d’anciens mandataires qui, d’âge en âge, de compromission en compromission, d’incompétence en

  1. Camille le Senne.
  2. Ernest-Charles.