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légitimes mais d’effets nécessairement minimes. Quant à nos protestations journalières de patriotisme et de ténacité, nos soldats n’en avaient que faire ! En admettant que son action n’eût pas été immédiate, cette vertu archithéologale n’en eût pas moins secouru petit à petit la morale saccagée, l’idéal meurtri, tout ce que l’ivresse des peuples a anéanti dans un coup de saoulerie. Elle eût aidé à la marche de la lumière et de la vérité. Elle eût entraîné les masses démocratiques de tous les pays, masses qui feront ces révolutions nécessaires et salutaires dont on peut prédire qu’elles seront le dénouement de l’orgie autocratique.

Elle eût facilité également une ligue des pays neutres.

Sur la fièvre de l’univers, nous n’avons eu pour baume jusqu’ici que les paroles malheureusement tardives du président Wilson. Elles ont eu une grande autorité, assez pour que nous jugions du pouvoir qu’auraient eu un appel plus éloquent, plus horrifié, une sollicitude plus émue. Un homme pourtant a parlé au nom de la masse silencieuse de l’humanité accablée et ruinée, au nom des collectivités martyrisées et ces messages n’ont pas été vains, même si ce peuple était forcé d’entrer en lice.

Des ondes de lumière ont été agitées et tout au moins les grands principes de l’humanité et les vastes espérances d’avant-guerre ont relevé leurs fronts humiliés. Elles fructifieront. Ayons confiance. L’Idée dépasse les êtres qui la mettent en branle. Elle entraîne les nations à sa remorque.

Mais ce n’était pas assez que cette objurgation tardive, il fallait plus ! Par malheur une sorte de terreur instituée par la presse mondiale a imposé le silence à ceux qui avaient peut-être le plus envie